Un peu d'histoire
La Sorgue est un cours d'eau naturel qui prend sa source à Fontaine de Vaucluse, elle est ensuite partagée au niveau du partage des eaux à l'Isle sur la Sorgue en deux branches principales: celle dite de Velleron et celle dite de l'Isle. Sa particularité réside dans le fait qu'elle dispose d'un débit important tout au long de l'année, même au milieu de l'été son débit minimum est de 4m3/s et ses crues sont moins importantes que celles de la plupart des cours d'eau méditerranéens.Le débit de la Sorgue se mesure grâce à un "sorguomètre" situé dans le gouffre de fontaine de Vaucluse.
Depuis la préhistoire, la Sorgue et ses abords attirent les hommes et leurs activités. D'abord région marécageuse, elle sert d'abri et offre également du poisson en abondance. La congregation des pêcheurs a été très longtemps active, elle est aujourd'hui très réglementée.
On retrouve à l'Antiquité la traces d'un castrum romain (camp fortifié basé sur un plan en croix), c'est également à l'antiquité que l'on doit les premières traces d'utilisation de la force hydraulique de la rivière.
A l'époque et ce jusqu'à tard, la Sorgue est un excellent fournisseur d'énergie. Elle possède de basses chutes et un débit fort ce qui correspondait au savoir-faire de l'époque. Ce n'est qu'au siècle dernier que l'on a appris à domestiquer les très grandes chutes !
Auparavent, on faisait comme l'on fait les Romains à barbegal c'est à dire couper une grande chute d'eau en plusieurs plus petites (voir encadré à gauche)
Les premières installations recensées dans les cadastres de l'Isle sur la Sorgue (qui s'appelait à l'époque L'isle sur Sorgues) sont celles du canal dit de l'arquet actuellement situé le long de la rue Théophile Jean.
Ledit canal de l'arquet est à l'origine une branche naturelle de la sorgue, qui a ensuite été aménagé pour y installer des roues à aubes (on en a dénombré un maximum de dix-sept). Les premières installations hydrauliques alimentent des moulins à grains et à foulons : la culture céréalière était à l'époque assez importante, et on a constaté que les moulins à eau avaient un meilleur rendement que les moulins à vent également présents dans la région mais aux alentours des alpilles.
La région étant assez aride (monts du vaucluse et alpilles), on y a longtemps privilégié l'élevage des moutons (on connait les fêtes de la transhumance à St Rémy)
Les nombreux troupeaux de moutons ont entrainé l'apparition de l'industrie lainière car la laine n'est pas directement exploitable, il faut tout d'abord la "fouler":
le foulonnage consiste à dégraisser les draps de laine. Les tissus étaient placés dans des cuves remplies d'eau et de terre glaise, puis étaient frappés par des marteaux actionnés par la force hydraulique: du type de ceux du moulin à papier de vallis clausa à Fontaine de Vaucluse encore en fonctionement.
La Sorgue était alors la rivière idéale pour ce genre de production: ses eaux sont pures et fournissent une énergie suffisante.De plus il y avait au quartier Saint Nicolas à Lagnes une terre à foulons de qualité sans pareil. Cette opération a pour but de renforcer l'étoffe et de la dégraisser.
Plus tard, on verra l'apparition des moulins destinés à filer la soie, il y eut en 1763 un premier moulin à soie à l'Isle sur la Sorgue mais dont l'existence fut éphémère. La ville produisait des cocons mais la conversion en soie était alors réservée à Avignon, les Islois achetaient en retour de la soie préparée.
C'est au début du XIX e siècle que la production de soie a pris toute son importance et on a vu la création ou reconversion de 11 moulins alimentés par des roues.
La troisième reconversion des moulins à eau est
la production de la garance:
A la fin du XIXe siècle, les uniformes des soldats français étaient rouges. La garance est un plante qui pousse en Provence et dont on extrait un jus qui permet de teindre les tissus de couleur rouge. Pendant l'explosion de son exploitation, la capitale de la production de la garance était alors au Thor et les moulins à eau de l'Isle se sont en partie reconvertis en moulins à garance, la force motrice de ces moulins servait alors à en écraser les feuilles. Ce fut la dernière reconversion des roues.
Au XXe Siècle, les roues furent progressivement abandonnées. L'électricité, entraine leur disparition. Les avantages de cette nouvelle énergie sont en effet considérables. Les techniques de l'époque ne permettent pas de conserver les roues pour la production d'électricité. L'opération de transformation de l'énergie mécanique en énergie électrique puis à nouveau mécanique créait trop de déperditions.